Parfums, leur histoire – De 1900 à nos jours

1900

Une parfumerie moderne naît lorsqu’apparaît la véritable industrie du parfum.

La chimie progresse et les premiers produits de synthèse sont utilisés. 
Les parfums sont donc plus élaborés. 
Les senteurs sont nouvelles, fleuries et recréées grâce aux produits de synthèse. 
Chacun peut trouver son bonheur.

Le parfum devient un signe de mode, de séduction, de nouveauté et d’originalité au cours des années.

Guerlain, Coty, Houbigant, Roger et Gallet, Bourgeois, Caron et Millot permettent à la parfumerie française d’acquérir une dimension internationale.

Les fragrances à la rose et à la violette sont élaborées artificiellement en laboratoire.

Les eaux fraîches, les eaux de toilette et les eaux de Cologne sont inventées, dont les prix sont abordables et beaucoup plus faciles à utiliser.
Guerlain crée la subtile « Eau de fleurs de Cédrat » en 1920 et « L’eau » en 1974. 
On ne peut pas parler d’eau de Cologne sans mentionner celle de Thierry Mugler, disponible depuis 2001. Cette eau est fraîche, qui « sent le propre », simple mais raffinée, eau d’antan que l’on n’espérait plus.

Les grands couturiers, comme Poiret, se lancent dans l’industrie des parfums. Son parfum « Parfums de Rosine » ne remporte pas le succès escompté car sa composition laisse à désirer.

Les aldéhydes découverts le siècle dernier sont utilisés dans les années 1920 à plus grande échelle.
Les coûts sont beaucoup moins élevés comme pour la vanilline. En 1913, elle ne coûte que 45 francs. Au moment de sa découverte en 1876, elle valait 8 800 francs le kilo.

Les techniques de préparation des huiles essentielles évoluent. 
L’enfleurage classique, extraction à froid ressemblant aux techniques des Egyptiens, est remplacé par un enfleurage qui prévoit une distillation à l’alcool, plus économique et plus rapide.

Le formidable succès du N° 5 de Chanel, révolutionnaire, permet aux couturiers de persévérer dans cette voie.

Jusqu’en 1960, apogée de la parfumerie, la création est le fait d’un petit nombre de parfumeurs qui ont le temps et les moyens de créer des parfums mondialement reconnus. 
Plusieurs grands « Nez » de Grasse travaillent pour les couturiers parisiens (Poiret, Chanel, Molyneux) et pour les maisons qui veulent commercialiser des fragrances à leur nom sans prendre en charge leur élaboration et leur fabrication.

Les années 20 permettent aux parfums de devenir un produit de grande consommation. 
La guerre est finie et les femmes veulent à nouveau séduire. 
Les maisons proposent des parfums « pour tous » et fabriquent des centaines de milliers d’élégants flacons dont les senteurs qui s’évaporent sont très agréables, dont les prix sont très compétitifs et les noms évocateurs. 
Les flacons sont fabriqués à l’échelle industrielle, François Coty s’est allié avec René Lalique. 
Le Baccarat est présent dans les bouteilles de Mitsouko et Shalimar (Guerlain – 1925). Son usine en Lorraine passe d’une centaine à plusieurs milliers de flacons par jour. 
Les souffleurs de verre de Brosse ont créé Arpège de Jeanne Lanvin et le N° 5 de Chanel.

Les mentalités changent, la mode aussi.

Les femmes ne veulent plus de parfums poudrés et disent merci à Coco Chanel, femme émancipée, active, moderne qui crée des vêtements pour une femme à son image.
La femme libérée est née car elle ose bronzer. 
Son N° 5 est à base de rose, jasmin, ilang-ilang mais fait la part belle aux produits de synthèse. 
Le succès est immédiat. 
Lors de la Libération en 1945, les GI font la queue devant la boutique Chanel pour ramener le précieux sésame chez eux. 
Marilyn le fera entrer dans la légende car elle déclare ne porter que lui comme vêtement de nuit.

Shalimar aurait été créé en versant un échantillon de vanille de synthèse dans un flacon de Jicky.
Jacques Guerlain aurait eu le coup de foudre.

De nombreux métiers voient le jour car il faut penser au conditionnement, au transport, à la présentation en magasin.

Le progrès est au rendez-vous des années 30. 
La libération des esprits est en cours.
Les parfumeurs, grâce aux produits de synthèse, vont tester et trouver des senteurs encore plus enivrantes. 
Les parfums ont un goût d’évasion, d’univers lointain et d’exotisme. 
Cela se traduit avec « Joy » de Patou, considéré « comme le parfum le plus cher du monde ».

L‘accès à l’actualité, la naissance d’Air France vont donner des idées aux parfumeurs. 
Guerlain crée « Vol de nuit » et Patou « Normandie » en 1935.

Les hommes ont droit, eux aussi, à leurs parfums. 
Les floraux vont « remplacer » les eaux de Cologne et les hespéridés.
« Pour un homme » de Caron marie la lavande à la vanille et à la fève tonka.

Les congés payés font naître « Vacances » de Patou, mais aussi « Colony », flacon en forme d’ananas.

La publicité devient un outil indispensable avec les affiches. 
Le marketing en est à ses débuts car les parfums sont déclinés en ligne.

La seconde guerre mondiale fera taire la parfumerie pendant cinq ans. 
La seule fragrance créée est « Femme » de Rochas. Elle sera vendue après la guerre. 
La fin des conflits permet à « Vent vert » de Balmain et « L’air du temps » de Nina Ricci de voir le jour.

Après la seconde guerre mondiale où le monde a dû mettre en parenthèse la création, la consommation, la production, Paris devient la capitale de la mode. 
La femme active arrive, elle s’émancipe, s’affirme tout en étant toujours sophistiquée.

Deux nouvelles fragrances arrivent sur le marché. « Youth Dew » d’Estée Lauder mais aussi « Habit rouge » de Guerlain, un ambré doux ressemblant à Shalimar, mais pour homme.
Il faut noter aussi que les eaux fraîches, les parfums verts voient le jour car la femme cherche une ressemblance avec le sexe opposé.
Des senteurs florales, fraîches, aldéhydées que l’on retrouve dans « Diorissimo » de Dior en 1956, « Fidji » de Guy Laroche dix ans plus tard, « Calèche » d’Hermès en 1961 et « Ô » de Lancôme en 1969.

La mode androgyne à la fin des années 60 permet aux femmes de « voler » Eau Sauvage de Dior aux hommes car elles aiment son odeur mixte, transparente, citronnée, florale et boisée.

Le parfum devient un geste quotidien pour la femme mais aussi pour l’homme. 
Les publicitaires l’ont bien compris. 
Un parfum peut être créé pour une femme ou un homme, suivant son âge, sa situation de famille, etc.

Les Etats-Unis font une arrivée en force avec leurs parfums.

Les « vrais » parfumeurs se font plus rares, les « grossistes » s’organisent en puissantes sociétés.
On compte dans les années soixante, 3 500 techniciens, 28 laboratoires de création, 48 bureaux de vente.

Les années 1970 voient les débuts du marketing. 
Les flacons et le packaging vont prendre une place considérable et être plus qu’un atout pour un parfum. Les flacons deviennent des oeuvres d’art au même titre que la fragrance qu’ils renferment. Tout est pensé (design, bouchon) pour que le succès soit au rendez-vous.

Le commerce s’organise et s’amplifie. 
De nouvelles techniques de vente apparaissent, la publicité et la communication prennent une place plus importante au détriment du parfum. 
Des copies, des copies de copies sont produites. 
Selon Edmond Roudnitska, cette situation aurait abouti à une « cacophonie olfactive », une baisse de la qualité et un déclin de la création.

Vers la fin des années 1980, de grands groupes, comme L’Oréal, LVMH, etc, rachètent les maisons de parfumerie. 
L’artisanat de luxe n’existe plus, il est remplacé par une grande industrie internationale. 
Plusieurs tendances atténuent l’uniformisation d’une telle pratique. 
Certains créateurs ont occupé des postes laissés vacants.

La parfumerie figurative coexiste avec des créations dites abstraites. 
La première utilise la figue, les céréales, le cacao, la noisette, le thé, le porte, la fumée, le métal pour des notes savoureuses ou évocatrices de modernité.

La parfumerie revient aussi aux anciennes vertus de bien-être et de santé avec des produits « vitalisants », « tonifiants », « purifiants », « apaisants », censés lutter contre le stress et avoir une action bénéfique sur le corps et l’esprit.

La parfumerie est maintenant très riche et le riche patrimoine culturel ressurgit.

Les parfums des années 2000 voient surgir les parfums de « couple ». Bien que le parfum soit différent, la base est commune. 
Homme et femme peuvent choisir un parfum dans la même famille olfactive.

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